Judaïsme et fêtes juives

Hanouka, fête de la Dédicace

La fête de Hanouka

 

La fête de la Dédicace appelée Hanouka et Hag ha-Ourim est le souvenir et l’exaltation du courage national contre les « Gentils blasphémateurs et sauvages » (2 Mac 10. 4) qui, tout en imposant l’hellénisme au peuple juif souillèrent le Temple sacré de Jérusalem en le consacrant à Zeus olympien. Elle est également la victoire de la culture hébraïque et de la lumière de la Tora sur l’hellénisation et les ténèbres du paganisme.

 

« Nous commémorons par cet allumage le miracle de la pérennité de la foi juive capable d’enflammer le peuple et le monde entier à partir d’une petite flamme, à condition qu’il existe un noyau pur : une fiole intacte. » (Choul’hane Arouch, Hanouka)

 

Un peu d’histoire

 

            Pendant l’occupation du pays d’Israël par les Séleucides de Syrie, au IIe siècle avant notre ère, une partie de l’aristocratie, dont certaines familles de prêtres, s’hellénisent tandis que le peuple reste fidèle aux commandements du Seigneur.

À Jérusalem, les Juifs qui n’avaient pas accepté la religion et la culture grecques se révoltent contre Antiochos IV Épihane (175-164 av. J.-C.). Celui-ci désirait détruire la religion juive par des interdictions religieuses en ne permettant pas l’accomplissement des mitzvot telles l’observance du shabbat, de la cacherout (lois alimentaires) et la pratique de la circoncision : « Le roi ordonna à tout son royaume de ne plus faire qu’un seul peuple et de renoncer, chacun à ses usages […]. Il prescrivit de suivre les coutumes étrangères au pays, d’exclure du Sanctuaire holocaustes, sacrifices et libations, de profaner les shabbats et les fêtes […] ». (1 Macc 1. 41-64).  En profanant le Temple par des sacrifices d’animaux impurs et en y instituant le culte de Jupiter olympien (Zeus), considéré comme « l’abomination de la désolation », il provoque la révolte dirigée par le parti fidèle à la Loi : « Le 15ème jour de Kislev, il construisit l’Abomination de la dévastation sur l’Autel des sacrifices […]. » (1 Macc 1. 54). C’est la révolte des Maccabées qui éclate en 167.

Les Juifs pieux, les Hassidim, se rassemblèrent autour de Mattathias l’Asmonéen, auquel succéda son fils Judas. Cette famille descend d’Asmon, prêtre de la famille de Jehojarib (Ant 12. 6. 1 ; 1 Macc 2. 1 ; 1 Ch 24. 7). Judas, appelé Maccabée – troisième fils de Mattathias – est le héros de la révolte juive contre le roi séleucide Antiochos. Après trois années de lutte armée il s’empare de Jérusalem et entreprend la purification du Temple et de son autel. Il établit comme loi perpétuelle le souvenir de la dédicace : « […] Judas, ses frères et toute l’assemblée d’Israël établirent que les jours de la dédicace de l’Autel seraient célébrés, à leur époque, chaque année, pendant huit jours, à partir du vingt-cinq du mois de Kislev, avec joie et allégresse. » (1 Mac 4. 59).

            « […] Le jour même où le Temple avait été souillé par les païens, en ce même jour il arriva que fut faite la purification du Temple, le vingt-cinq du même mois, qui est celui de Kislev. Avec allégresse ils firent huit jours de fête, comme pour les Tabernacles, se rappelant que, peu de temps auparavant, pendant la fête des Tabernacles, ils cantonnaient dans les montagnes et dans les cavernes, comme des bêtes sauvages […]. »  (2 Mac 10. 4-9).

            Le Talmud de Babylone relate qu’un miracle s’est produit à la purification du Temple. Une fiole d’huile sainte fut découverte dans le Temple. La quantité d’huile de cette fiole permettait d’allumer seulement une journée le candélabre à sept branches (la Ménorah) placé dans le lieu saint du Temple. Le temps de la préparation d’une nouvelle huile sainte, par une famille de prêtres, était de huit jours. Pendant huit jours, nous rapporte le Talmud, la lumière brilla dans le Temple  ! (T. B. Shabbat 21b).

  Célébration de la fête

 

Hanouka étant la fête des Lumières, un chandelier, à huit plus une branches (la Hanoukia), sera utilisé. Il est recommandé d’allumer des mèches de coton trempées dans l’huile d’olive mais des bougies de cire ou de paraffine sont acceptées.

Pour l’allumage des bougies il y eut deux opinions : d’Hillel et de Shamaï. Ce dernier considérait que les huit bougies devaient être allumées le premier jour de la fête et un nombre décroissant les autres jours suivant les sacrifices offerts pendant la fête de Souccot. La tradition de Hillel l’emporta et le premier jour une bougie seulement est allumée à l’aide du shamash (bougie servant à allumer les autres). La première bougie est placée à droite de la Hanoukia. Tous les jours de la fête, une nouvelle bougie que l’on allumée en premier est ajoutée à gauche des autres bougies. Ceci donne un sens croissant à la fête des Lumières comme dans notre vie : croître en sainteté et ne pas en descendre.

La Hanoukia doit être placée sur le rebord d’une fenêtre, soit à l’intérieur soit à l’extérieur de la maison (suivant les traditions séfarade ou ashkénaze), afin que la lumière soit vue par tous. À la tombée du soir le maître de maison récite les prières et allume la Hanoukia.

 

L’allumage de la première bougie est précédé de deux bénédictions :

 

 

 

 

 

 

 

 



« Béni sois-tu, Seigneur, notre Dieu, Roi de l’univers,

 qui nous as sanctifiés par tes commandements

et nous as ordonné d’allumer les lampes de Hanouka. »

 

« Béni sois-tu, Seigneur, notre Dieu, Roi de l’univers,

 qui as fait autrefois des miracles en faveur de nos ancêtres, à pareille époque. »

 


Le premier soir on rajoute une troisième bénédiction :

 

« Béni sois-tu, Seigneur, notre Dieu, Roi de l’univers,

 qui nous as fait la grâce d’atteindre cette fête. »

 


Enfin une autre bénédiction est récitée après l’allumage :

 

« Seigneur, nous allumons ces lampes pendant les huit jours de Hanouka,

 en commémoration des miracles que tu as faits en faveur de nos ancêtres

et des victoires que tu as fait remporter à tes saints prêtres.

 Ces lumières sont sacrées, elles ne doivent servir à aucun usage profane ;

leur vue nous rappelle tes miracles, ton secours,

 et éveille dans notre cœur des sentiments de reconnaissance

 pour les grâces dont tu nous as comblés. »

 

 

Après les bénédictions on chante Al ha-Nissim (Pour les miracles) :

 

« Ces chandeliers de lumières, nous allumons
POUR LES MIRACLES
pour le salut
pour les manifestations de la force
pour les aides dans la détresse
pour les prodiges
pour les miséricordes
que Tu as réalisés pour nos Pères 
en ces jours-là, en cette époque-ci,
par Tes Cohanim saints. »

 

 

 

Dans certaines communautés juives il est de coutume de chanter une poésie composée peut-être vers le XIIIe siècle: Maoz Tsour yeshouâti (Puissant Rocher de mon salut) :

 

« Ma-oz tsour yé-chou-a-ti, lé-kha na-é lé-cha-bé-a'h :

Puissant Rocher de mon salut,
Te louer est un délice.

Restaure la Maison de ma prière
et là, nous apporterons le sacrifice d'action de grâce.

A l'époque où Tu prépares l'écrasement
de l'ennemi qui blasphème

Alors j'achèverai par un chant de louange,
l'inauguration de l'Autel. »

 

 

 

 

       Pour les enfants, la fête est un temps de vacances scolaires et de joies familiales accompagné de présents et de cadeaux sans oublier les beignets (soufganiots) et les galettes de pommes de terre (latkes). L’amusement favori des enfants est le jeu de la toupie à quatre faces (Draydel) affichant des lettres hébraïques symbolisant la maxime : « Nes Gadol Haya Sham » (là-bas il y eut un grand miracle). Ce jeu est accompagné du chant :

« Tourne toupie, tourne, tourne !
Hanouka est une belle fête,
Hanouka est une belle fête,
Tourne toupie, tourne, tourne !


C’est une joyeuse fête pour le peuple,
Un grand miracle s’est produit là-bas,
Un grand miracle s’est produit là-bas,
C’est une joyeuse fête pour le peuple. »