Judaïsme et fêtes juives

 

 

Les Dix Jours Redoutables

 

            (Loïc Le Méhauté)   

 

Les deux journées de Rosh Ha-Shana (Jour de l’An) marquent le début des dix journées de repentir qui s’achèvent à Yom Kippour, jour du Grand Pardon.

 

Entre Rosh Ha-Shana et le jour du Kippour s’étend une période de dix jours appelés jours redoutables. Le jugement de Dieu, porté sur l’homme à Rosh Ha-Shana, n’est que temporaire comme il est écrit : « Cherchez l’Éternel pendant qu’il se trouve ; invoquez-le, tandis qu’il est près. Que le méchant abandonne sa voie, et l’homme de rien ses pensées ; qu’il retourne à l’Éternel, qui aura compassion de lui, à notre Dieu qui pardonne abondamment. » (Is 55. 6, 7).

 

Selon la tradition rabbinique, à Rosh Ha-Shana, Dieu, Roi et Juge souverain prononce sa sentence, qui sera définitivement scellée à Kippour. Ces dix jours permettent donc à l’homme en « sursis » de faire une véritable repentance, Teshuvah (retour).

Pendant cette période nous assistons à des gestes de réconciliation entre les êtres humains car le jour de Kippour n’expie pas les fautes commises entre les hommes. Avant de demander et d’obtenir le pardon de Dieu il faut passer par une réconciliation entre l’homme et son semblable (Mishna, Yoma 8,9). Celui qui a offensé son prochain a péché doublement : contre son prochain et contre Dieu dont il a violé la Tora. De ce fait la prière doit être accompagnée de gestes concrets de repentance.

 

Dans les prières de repentance, Selihot, on récite de nombreux textes bibliques invoquant le pardon de Dieu et sa longanimité : « O Dieu ! Fais moi grâce selon ta bienveillance, selon ta grande compassion, efface mes crimes ; lave-moi complètement de ma faute, et purifie moi de mon péché. [...] Purifie-moi avec l’hysope, et je serai pur ; lave-moi, et je serai plus blanc que la neige. » (Ps 51. 3, 4, 9) ; « Des profondeurs de l’abîme je t’invoque, Éternel ! Seigneur écoute ma voix ! Que tes oreilles soient attentives à la voix de mes supplications ! Si tu gardais le souvenir des fautes, Éternel, Seigneur, qui pourrait subsister ? Mais le pardon se trouve auprès de toi, afin qu’on te craigne. » (Ps 130. 1-4).

 

Le shabbat, entre Rosh Ha-Shana et Yom Kippour, est appelé Shabbat-Shuvah, (retour) qui tire son nom du texte de la Haftarah, (Osée 14), lu ce jour-là : « Israël, reviens à l’Éternel, ton Dieu, car tu as trébuché par ta faute. Prenez avec vous des paroles de repentance, et revenez à l’Éternel. Dites-lui : Pardonne toute faute, et reçois-nous favorablement. [...] ». L’homélie, Derashah, prononcée par le rabbin ce jour-là est une exhortation à la repentance.

 

Dans certaines communautés juives une coutume s’est développée avant le Kippour : le rite de Kapparot, qui consiste à faire tourner une volaille au-dessus de la tête de la personne repentante. Pendant ce rituel la personne récite trois fois ces paroles : « Ceci est mon substitut, c’est mon échange, c’est mon expiation; cette volaille va mourir, et je vais avoir une bonne et longue vie en paix. »

Cette cérémonie symbolique est une réminiscence des sacrifices au Temple, quand les animaux portant les péchés du peuple étaient sacrifiés.

Certains rabbins s’opposent à cette pratique qui aurait peut-être des racines païennes, et des tendances magiques.